AVOIR UN AUTRE ENFANT OU S’ARRÊTER POUR S’OCCUPER DE SA FAMILLE ET DE SOI, C’EST LE MOMENT D’Y RÉFLÉCHIR EN COUPLE.
Tout petits déjà, nos parents nous ont appris à prendre nos responsabilités : retrouver un objet égaré dans une chambre mal rangée, assumer un mauvais carnet si nous n’avons pas assez travaillé, fermer la maison au retour d’une soirée...
Maintenant que nous sommes adultes et mariés, notre responsabilité est bien plus grande. Nous ne sommes plus simplement en charge de notre propre personne mais il nous est donné, à travers l’union conjugale, d’engendrer un petit d’homme qui ne dépendra que de nous, au moins au début de sa vie sur terre. Etre responsable de la vie confiée, c’est avant tout poser, dans l’intimité de notre couple, des actes responsables selon que nous avons ou non le projet d’agrandir notre famille.
Cela suppose de connaître nos propres corps et leurs rythmes de fécondité, si complémentaires.
Pendant nos fiançailles, nous nous sommes formés à la méthode Billings et nous avons découvert qu’en devenant acteurs de notre propre fécondité, nous étions en mesure, librement et au jour le jour, de poser nos actes d’amour en sachant s’ils étaient susceptibles d’engendrer un petit être ou non.
C’est à la fois magnifique et terrifiant !
Nos premières années de mariage furent très fécondes : en trois années, trois enfants s’annoncèrent, si bien qu’après cette période de grande générosité (et de relative insouciance il faut bien l’avouer), la nécessité d’espacer les naissances nous est apparue comme une évidence. Il s’agissait d’abord d’élever les enfants qui nous avaient été confiés, de permettre à l’épouse de reprendre son souffle après trois césariennes rapprochées mais également pour toute la famille de trouver un logement où chacun puisse avoir un petit coin à lui.
Ce discernement s’est fait en couple, dans la prière, à la lumière de notre expérience et de l’enseignement de l’Eglise. A cette époque, il nous a fallu également prendre conscience de nos faiblesses et de l’influence du regard de la société sur nos décisions familiales. Le plus délicat est souvent de se détacher du regard de l’autre, celui qui n’est pas notre «moitié», car chacun y va de son petit couplet : «à quand le prochain?» dit la copine au square ou la belle-sœur à l’heure du thé, «j’espère que tu n’en auras pas d’autre» grommelle le collègue de travail mal embouché, «de nos jours, il y a des moyens efficaces pour éviter une grossesse» suggère la tante éloignée, dans un élan de charité.
Pourtant, seuls l’époux et l’épouse sont appelés à s’interroger, en vérité, sur leur projet de famille. Si le Bon Dieu nous appelle à donner généreusement la vie, parfois l’exercice d’une paternité et d’une maternité responsables imposera, pour un temps, de différer l’arrivée d’un nouvel enfant, pour le bien de la famille, des enfants déjà nés ou des parents.
Est-ce le moment favorable ?
Quatre années durant nous avons donc attendu dans nos cœurs et nos corps ce petit quatrième que nous avons finalement accueilli dans la joie familiale. Au cours de ces longues années, pas un seul cycle ne s’est écoulé sans que nous nous interrogions, dans le secret de notre couple : «est-ce le moment favorable?»
Parce que la régulation naturelle des naissances est réversible à tout moment, l’alternative de l’accueil ou non d’une nouvelle vie se propose magnifiquement aux époux à chaque nouveau cycle. Il leur revient alors de discerner quel est le plan de Dieu sur leur famille, librement hors de toute contrainte extérieure.
GUILLAUME & BLANDINE